L’industrie textile, au cœur de la fast fashion et de la consommation mondiale, est aujourd’hui l’un des secteurs les plus polluants. Souvent perçue comme secondaire face au transport ou à l’énergie, elle pèse pourtant très lourd dans le réchauffement climatique. Les émissions de CO₂ de l’industrie textile sont estimées entre 2 % et 10 % des émissions mondiales selon les sources — un ordre de grandeur qui mérite d’être expliqué.

Cet article détaille l’ampleur du problème, ses causes, et surtout les solutions, avec le soutien de sources scientifiques et institutionnelles fiables.


Quelle est l’empreinte carbone réelle du textile ?

Selon l’Apparel Impact Institute, les émissions liées à la mode atteignaient 944 millions de tonnes de CO₂ en 2023, soit environ 1,8 % des émissions globales (modaes.com).

D’autres rapports, plus larges dans le périmètre, avancent des chiffres bien supérieurs :

  • L’Environmental Justice Foundation (EJF) estime entre 1,22 et 2,93 milliards de tonnes de CO₂ par an si l’on prend en compte l’ensemble du cycle de vie textile (culture des fibres, transport, usage, fin de vie). Cela représente jusqu’à 6,7 % des émissions mondiales (ejfoundation.org).
  • Le site Sustain Your Style et certaines publications relayées par Vogue Business parlent de 5 à 10 % des émissions mondiales, soit davantage que le transport maritime et aérien réunis (time.comde.sustainyourstyle.org).

👉 En clair, même dans l’hypothèse basse (≈ 2 %), le textile pèse autant que l’aviation. Et dans l’hypothèse haute (≈ 10 %), il équivaut presque aux émissions combinées de l’Union européenne.


D’où viennent les émissions ?

a) Les fibres synthétiques (polyester, nylon, acrylique)

Le polyester représente 57 % des fibres produites dans le monde en 2023 (modaes.com). Produit à partir de pétrole, son extraction et sa transformation nécessitent des centaines de millions de barils chaque année. Résultat : forte empreinte carbone et pollution microplastique.

b) Le coton conventionnel

Souvent perçu comme naturel, le coton n’est pas neutre : sa culture intensive demande beaucoup d’eau, d’engrais et de pesticides. Elle génère environ 220 millions de tonnes de CO₂ par an (ejfoundation.org).

c) La transformation textile

Les étapes de teinture, lavage, séchage et finitions sont particulièrement énergivores. Selon l’Apparel Impact Institute, 55 % des émissions de CO₂ du secteur proviennent de ces procédés industriels (modaes.com).

d) La logistique et la distribution

Le transport aérien et maritime, massivement utilisés pour acheminer les vêtements à bas prix, ajoutent une charge carbone supplémentaire.

e) Les invendus et la fin de vie

En Europe, la destruction des invendus et des vêtements retournés émet à elle seule 5,6 millions de tonnes de CO₂ par an (eea.europa.eu).


Chiffres clés à retenir

  • 944 Mt CO₂ en 2023 : 1,8 % des émissions mondiales (Apparel Impact Institute).
  • 1,22 à 2,93 Gt CO₂ : cycle de vie complet textile (EJF).
  • 5 à 10 % des émissions mondiales : estimation haute, selon Vogue Business et Sustain Your Style.
  • 55 % des émissions : dues au traitement textile (lavage, teinture, séchage).
  • 220 Mt CO₂ : imputables au coton conventionnel.
  • 5,6 Mt CO₂ : destruction des invendus en Europe.


Quelles solutions ?

  • Fibres durables et recyclées : lyocell, lin, chanvre, polyester recyclé.
  • Optimisation énergétique : usines moins gourmandes, énergies renouvelables.
  • Économie circulaire : réemploi, seconde main, recyclage, réparation.
  • Réduction de la surproduction : limiter les collections, valoriser la qualité plutôt que la quantité.
  • Réglementation et innovation : en Europe, l’obligation future de filtres anti-microplastiques sur les machines à laver vise à réduire la pollution textile (apnews.com).

Selon Vogue Business, une réduction de 308 Mt CO₂ est possible à l’horizon 2030 si les bonnes mesures sont appliquées (voguebusiness.com).


En conclusion

Les émissions de CO₂ de l’industrie textile sont importantes : même à l’estimation basse, elles dépassent celles de l’aviation. L’urgence est donc claire.

Le consommateur a un rôle à jouer — choisir des vêtements durables, privilégier la seconde main, soutenir les marques transparentes — mais la solution passe aussi par une transformation industrielle et politique.

Moins de gaspillage, plus de circularité et des fibres alternatives : tels sont les leviers pour que la mode cesse d’être synonyme d’empreinte carbone écrasante.

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